Critiques de films et actualités ciné
28 Février 2015
J'étais tout chamboulé à l'idée d'aller voir ce film, et ça fait des mois que je l'attendais avec une désespérante frustration. Cette foutu bande annonce qui a fait de moins l'esclave de mes pulsions cinématographiques ! Pourquoi faire une bande annonce aussi excellente Alejandro, car on ne peut pas nier que la promotion sur le potentiel ravageur du film n'a pas été réussie, par le biais de cette bande annonce on s'imagine tellement de choses, c'est ça la force de ce film indépendant, manier les genres avec brio. Il y a des films comme ça ou on attend tellement sa sortie qu'on finit par le snober, mais ce ne fut pas le cas pour Birdman, c'était même l'exact opposé ! Plus l'échéance arrivait, plus mon amour pour Inárritu et son bébé s'amplifiait. Mais c'est peut être cet amour démesuré qui m'a empêché de pleinement me lâcher dans une immersion nécessaire...
Synopsis : À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...
Il est maintenant venu le temps ou la mode est aux satires sur le monde fermé du tout Hollywood, ou plutôt sur le petit monde égocentrique dans lequel évolue ces acteurs en mal de reconnaissance et d'admiration. En témoigne les derniers Cronenberg et Assayas. Je veux bien sûr parler de Maps to the Stars et Clouds of Sils Maria, deux films que j'ai adoré au passage, et qui laissent tout deux entrouvert la porte sur le nombrilisme des comédiens, ainsi que la recherche frénétique et désespérante d'un rôle qui leur procurera la vénération du commun des mortels. Les destins sont souvent tragiques bizarrement, Cronenberg, Inárritu et même Assayas ont pris le parti de mettre en exergue le cynisme dans le monde auquel ils appartiennent ! Il faut dire que ça a de la gueule finalement, car j'ai pris en affection ce thème sinistre du cinéma d'aujourd'hui et de demain, passionné par des idoles inaccessibles on aime à penser que leur monde n'est pas toujours si rose et parfait, c'est ainsi que des réalisateurs comme Inárritu arrive à titiller notre curiosité !
De plus le miroir entre la réalité et le subconscient me fait également penser à un autre très bon film, Black Swan. Ici sous l'alter-ego fictionnel de sa gloire d'antan, Riggan Thomson lutte contre les supers pouvoirs de son "Birdman". Mais le réalisateur mexicain arrive à créer une intimité avec les spectateurs, à chaque fois que Riggan retourne dans sa loge pour laisser place à ses pulsions psychiques, nous aussi nous sommes de la partie, comme une présence inconsciente qui participerait à la débâcle affective de notre Héro ailé. A force de porter différents costumes, celui du théâtre, de la gloire passé en Birdman, du père absent... Il finit par ne plus se reconnaître et perd de vue ce qui est fondamental, ses proches. Au contraire du personnage d'Edward Norton qui ne vie que sur scène et ne se sent libre qu'avec un costume, presque comme résigné à la vie et à ce qui l'entoure.
Mais l'ingéniosité du film c'est cette mise en scène en plan-séquence allongé qui me fait penser à une métaphore du rythme effréné et lourd d'un comédien en perdition. Ça montre bien que l'enjeu est capital pour le personnage de Michael Keaton, c'est une course qui ne s'arrête jamais et qui gravite autour du potentiel succès de sa pièce de théâtre. Une course jalonnée d'obstacles et d'imprévus à l'allure dramatique. Je dis bien dramatique car j'ai été surpris de voir que Birdman ait été qualifié de comédie dramatique, il y a quand même des scènes qui prêtent à sourire mais c'est plus cynique qu'autre chose. Je qualifierai donc ce film de drame tout court, avec un petit soupçon de biopic dissimulé sur la vie de Michael Keaton pour son rôle de super-héro dans Batman et la disette cinématigraphique qui en a résultée.
Au final cette satire sur l'acteur dans toute sa splendeur n'est qu'une façade pour ne se focaliser que sur le principal, la relation père/fille (Michael Keaton/Emma Stone) qui reste le lien le plus solide de Riggan, celui auquel il peut (doit) se raccrocher quand tout va mal. Tout deux des êtres humains malmenés par la vie, le père par son obsession d'admiration, et qui d'ailleurs ne fait aucune séparation entre sa vie professionnelle et familiale, en ne faisant aucune différence entre admiration et amour. Sa fille, Sam, hérite des pots cassés et devient une sorte de dommage collatéral. Cherchant l'attention d'un père obnubilé par son nombril, elle essaye donc d'attirer son attention en se détruisant par la drogue. Une relation d'autant plus magnétique qu'elle est retranscrite par deux comédiens que j'adore, ou plutôt par une comédienne que j'adore et un comédien que j'ai redécouvert avec plaisir !
Autre ingéniosité d'Alejandro, la bande originale faisant partie intégrante du long métrage. Le rythme au son des percussions exprimant parfaitement les émotions de Michael Keaton, ou plutôt de son personnage, ne s'arrêtant quasiment jamais ! Des coulisses aux rues de Broadway aucun répit n'est donné à Riggan Thomson, allégorie parfaite de la vie de l'acteur d'aujourd'hui. Un son de batterie que l'on peut également apercevoir, car oui à un moment on aperçoit un batteur jouant de son instrument dans les coulisses du théâtre, apparition déplacée presque subliminale qui accentue à mon sens la psychologie du Birdman. Mais si quelqu'un a une autre vision qu'il me la fasse partager ça m'intéresse !
Avant d'arriver à ma conclusion je ne peux pas passer à coté du casting formidable ! C'était d'ailleurs une des raisons pour laquelle je me suis déplacé voir le film. Emma Stone et Edward Norton sont
Un casting au sommet !
En bref ce film reste une petite pépite en ce début d'année, c'est même pour l'instant le meilleur film que j'ai pu voir en 2015 (n'ayant vu que Foxcatcher et American Sniper pour le moment). De la mise en scène en "faux" plan-séquence en continu qui permet de métaphoriquement suivre le rythme tonitruant de Riggan Thomson, jusqu'aux comédiens parfaits, le film séduira les plus indécis. Mais la fin me laisse un peu perplexe je dois l'avouer, on peut parfaitement avoir notre vision sur ce final, mais ça reste quand même très abstrait et ce qui me dérange c'est le regard de sa fille, qui entre dans le "délire" de son père alors qu'à la base pour moi il n'y a que ce dernier qui "hallucine". Mais je me suis quand même créé ma propre fin, sans spoiler elle est positive !
C'est un film que je conseil fortement, un projecteur sur le cinéma indépendant avant-gardiste !
Un plaisir éphémère mais puissant : 16,5/20
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